Plainte à propos de deux reportages du Téléjournal 18 h du 13 avril et du 4 mai 2015

Mise à jour (10 juin 2015):

Le 8 mai 2015, j’ai envoyé une plainte à l’Ombudsman de Radio-Canada au sujet de deux reportages du Téléjournal 18 h. Soixante-treize personnes ont signé la plainte. L’Ombudsman avait 20 jours ouvrables pour répondre à la plainte.

J’ai reçu une réponse le 4 juin dernier. Elle est signé par la Chef relations citoyennes et diversité du Service de l’Information de Radio-Canada. Vous pouvez télécharger une copie de cette réponse en format WORD.

Dès la réception de la réponse, j’ai jeté un coup d’oeil rapide et ai lu le paragraphe suivant:

Vous déplorez aussi ce commentaire que vous jugez discriminatoire « En tout cas, si un jour le restaurant ferme, il va y avoir plus de place pour passer, mais il y aura plus de terrasses pour personne, ni pour vous, ni pour nous là. » Cette conclusion, que certains ont jugée maladroite, ne se voulait nullement partiale ou accusatrice. À la fin, M. Roy a d’ailleurs rassuré le plaignant à cet égard. Mais dans un échange spontané, en direct, il peut arriver que les mots choisis pour exprimer une idée ne soient pas toujours des plus heureux. L’animateur souhaitait simplement rappeler les effets potentiels d’une règlementation qui fait fi des particularismes.

J’ai alors levé les yeux au ciel et fermé le courriel. Je n’avais pas le courage de le lire au complet.  Cinq jours plus tard, j’ai enfin trouvé la force de lire la réponse de Radio-Canada.

Je ne peux que constater que la Société d’État ne comprend pas la discrimination fondée sur le handicap. Elle ose même se défendre en prétendant que Patrice Roy a simplement voulu traiter M. Morissette comme tout le monde.

Vous auriez apprécié que Patrice Roy fasse preuve de plus de sympathie et de compréhension des obstacles auxquels les personnes handicapées sont confrontées quotidiennement. Est-ce à dire que l’animateur devrait manifester moins de ténacité dans sa quête de réponse lorsqu’il fait face à un interlocuteur handicapé?

Bref.

Radio-Canada m’invite (nous invite) à contacter de nouveau l’Ombudsman en cas d’insatisfaction au sujet de la réponse.

Je compte évidemment contacter l’Ombudsman de nouveau. La Chef relations citoyennes et diversité du Service de l’Information de Radio-Canada estime que les deux reportages visés sont conformes aux pratiques journalistiques de Radio-Canada. C’est inquiétant. C’est aussi le reflet d’une société qui ne comprend toujours pas ce qu’est la discrimination fondée sur le handicap.

Votre aide et vos idées pour la rédaction de cette deuxième plainte (ouf!) sont plus que bienvenues. J’espère également que les organismes de défense des droits des personnes handicapées vont appuyer cette démarche. Votre appui est essentiel.

Merci!

Laurence

Voici notre plainte initiale:

SOUS TOUTES RÉSERVES

Montréal, le jeudi 7 mai 2015

Monsieur Pierre Tourangeau

Ombudsman

Radio-Canada

Bureau de l’Ombudsman

C.P. 6000

Montréal (Québec) H3C 3A8

Objet : Plainte à propos de deux reportages du Téléjournal 18 h du 13 avril et du 4 mai 2015

Monsieur l’Ombudsman,

La présente lettre vise principalement à dénoncer les propos tenus par M. Patrice Roy, journaliste et animateur du Téléjournal 18 h dans le cadre de deux reportages portant sur les terrasses estivales à Montréal. J’estime que les propos tenus dans ces reportages cultivent et entretiennent des préjugés à l’égard des personnes handicapées, ce qui contrevient à mon avis à l’article 1.1.2 de la Politique des programmes de Radio-Canada, ainsi qu’aux droits et responsabilités de la presse énoncés par le Conseil de Presse.

Alors que l’été est enfin à nos portes, des nouvelles réglementations relativement à l’installation de terrasses sur le domaine public sont entrées en vigueur dans divers arrondissements de Montréal. Les terrasses en contigu avec la façade des commerces ne sont plus permises afin de ne pas obstruer la voie piétonne. Dorénavant, les terrasses doivent être installées à l’extérieur du trottoir, ce qui signifie que, souvent, une terrasse en bois devra être construite et des espaces de stationnement devront être louées pour l’installer. En d’autres mots, les nouvelles règles redonnent le trottoir aux gens y circulant et forcent les restaurateurs à réaménager leurs installations qui étaient jusqu’à maintenant sur des espaces appartenant à la collectivité.

Sans être férue en normes techniques d’aménagement, je connais assez bien le dossier de l’accessibilité des terrasses, car j’ai été impliquée dans celui-ci pendant quatre ans. Si Montréal a aujourd’hui de nombreuses terrasses accessibles en fauteuil roulant, ainsi qu’un espace piéton sur le trottoir assurant une circulation sans obstacles, c’est en grande partie grâce au travail acharné d’un groupe bénévole d’activistes handicapées, le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ). Parce que oui, le nombre de terrasses inaccessibles augmentait chaque année, et ce, sans raison valable. Les petites marches inutiles n’appartiennent pas seulement à un lointain passé. Les personnes handicapées au Québec doivent encore se battre pour que les nouvelles installations ouvertes au public soient accessibles.

Au cours des deux dernières semaines, deux commerces ont contacté les médias en s’indignant d’avoir perdu le droit d’installer leur terrasse sur le trottoir. Le Téléjournal de 18 h de Radio-Canada a présenté deux reportages à ce sujet : le 13 avril 2015 (journaliste : Anne-Louise Despatie) et le 4 mai 2015 (journaliste : François Cormier). Ce dernier reportage fut suivi d’une entrevue de Patrice Roy avec Laurent Morissette, vice-président du RAPLIQ.

Reportage du 13 avril 2015

Tout d’abord, le reportage d’Anne-Marie Despatie omet de présenter les deux côtés de l’enjeu de l’accessibilité des terrasses, soit celui des personnes handicapées et celui des commerçants.  Les seules personnes interviewées étaient des commerçants. Cette absence du point de vue des personnes handicapées sur l’accessibilité est grave considérant que la nouvelle réglementation relative à l’accessibilité a vu le jour suite à des revendications de groupes de personnes handicapées basées sur le droit à l’égalité. De plus, la journaliste s’est permis de conclure en posant la question suivante : « Les tracasseries liées à leurs terrasses en valent-elles encore la peine? » Madame Despatie estime que les normes d’accessibilité sont des tracasseries et répond à cette question en disant : « En tous cas, ceux qui en profitent n’ont pas de doute. » En plus d’être fausse, cette généralisation de l’avis des consommateurs laisse croire que seules des personnes non handicapées fréquentent les terrasses et que celles-ci sont complètement désintéressées par l’accessibilité.

 Suite au reportage de Madame Despatie, M. Roy commente sur un ton exaspéré : « C’est pas comme si on avait des terrasses six mois, huit mois, neuf mois par année. Pendant l’été, il faut les laisser en paix, quoi! » Cette remarque de Monsieur Roy nous donne un aperçu de l’influence sur l’opinion publique que peut avoir un reportage qui ne tient pas compte de l’opinion des personnes handicapées. Si Monsieur Roy se permet une telle analyse de la situation, nous pouvons facilement craindre que l’auditoire a également pensé que la nouvelle réglementation pour l’accessibilité était exagérée.

Reportage du 4 mai 2015

Monsieur Roy a d’abord annoncé le reportage sur Twitter en écrivant : « Une des plus vieilles terrasses à Montréal, celle de Chez Alexandre devra fermer en raison d’un régl. municipal. » Après l’émission, il a tweeté le lien vers le reportage en écrivant : « Chez Alexandre perd sa terrasse en raison d’un régl. municipal. » Il est bien entendu périlleux de bien décrire une situation en 140 caractères. Toutefois, ces deux tweets valent la peine d’être mentionnés, car ils donnent un aperçu de la position de Monsieur Roy qu’il a clairement exprimé dans l’entrevue avec M. Laurent Morissette du RAPLIQ.

Tout d’abord, des éléments importants de l’histoire ont été mis de côté. Monsieur Roy a fait la première erreur de présenter la nouvelle comme une fermeture et une perte. Il est vrai que la terrasse de Chez Alexandre aménagée en contigu de l’édifice doit être démantelée. Toutefois, la terrasse aurait pu être réaménagée en contre-terrasse comme l’ont fait des dizaines de restaurateurs à Montréal. C’est notamment ce qui a été fait à la boulangerie de Froment et de Sève sur la rue Beaubien qui avait été confronté au même problème il y a deux semaines. Cet élément majeur de cette histoire n’est mentionné ni dans le reportage de Monsieur Cormier, ni dans les interventions de Monsieur Roy. Monsieur Creton, propriétaire de Chez Alexandre, refuse d’installer sa terrasse en contre-terrasse pour deux raisons : il voulait conserver le style parisien de sa terrasse et il argue qu’installer une terrasse de l’autre côté du trottoir serait plus dangereux. Dans La Presse, il affirme que « La rue Peel est la plus achalandée du centre-ville sur l’axe nord-sud, c’est une autoroute de piétons ». Il ajoute que « C’est dangereux pour mes serveuses de traverser le trottoir, elles risquent de se faire foncer dedans et de renverser leur plateau. Si la terrasse était dans la rue, je doublerais ma capacité, mais je ne suis pas intéressé, c’est hyper dangereux pour les passants et pour les handicapés. » Fait intéressant, l’argument de la sécurité et de l’accessibilité du trottoir lorsque la terrasse est aménagée en contigu est rejeté du revers de la main par Messieurs Creton et Roy, alors que ce même argument est suffisant pour justifier le refus de Monsieur Creton d’installer une contre-terrasse. N’y a-t-il pas matière ici à remettre en question la facilité avec laquelle tous les piétons peuvent circuler devant Chez Alexandre pendant la période estivale? Comment des journalistes expérimentés ont-ils pu négliger cet élément si important de l’histoire? Par ailleurs, la question de l’inaccessibilité du restaurant n’a pas été abordée. C’est pourtant un point d’intérêt que Monsieur Morissette a dû soulever lui-même. Cet établissement réputé existe depuis des décennies et n’est toujours pas accessible aux personnes handicapées, et ce, peu importe la saison.

Ensuite, l’entrevue de Monsieur Roy était tendancieuse. Le segment du Téléjournal 18 h sur la terrasse de Chez Alexandre était intitulé : « Terrasses: Est-ce vraiment dangereux? » Un tel titre laisse évidemment planer un doute quant à la nécessité des mesures d’accessibilité. Malgré tout, elle ouvre la porte à une discussion sur la dangerosité de terrasses sur le trottoir avec M. Laurent Morissette, vice-président du RAPLIQ, qui est lui-même une personne handicapée se déplaçant en fauteuil roulant motorisé. Malheureusement ce n’est pas ce qui s’est produit.

Monsieur Roy a ouvert son long plaidoyer contre la réglementation empêchant Monsieur Creton de garder sa terrasse en contigu en disant que la terrasse vieille de 38 ans devait fermer, car il y avait eu une plainte. « La seule plainte d’ailleurs depuis années », précise-t-il. Monsieur Morissette explique que la réglementation vise à faire respecter les droits des personnes handicapées, notamment ceux des personnes ayant un handicap visuel qui ont besoin d’un passage le plus droit possible pour s’orienter. L’ajout d’une terrasse en contigu d’un édifice est un obstacle majeur pour ces personnes puisqu’elles perdent tous leurs repères et doivent zigzaguer dans un environnement inconnu et changeant. Monsieur Roy réplique en disant que « personne ne remet en question vos droits Monsieur Morissette » tout en continuant de minimiser les problèmes d’accès au trottoir énoncés par Monsieur Morissette.

Par la suite, Monsieur Roy pose la question suivante à Monsieur Morissette : « Est-ce qu’on peut imaginer le centre-ville ou le quartier avec à la fois des lieux qui soient tout à fait acceptables pour vous pis en même temps qu’on laisse le commerce et les gens aller prendre une bière sur une terrasse s’ils peuvent là. » Les propos de Monsieur Roy suggèrent que la réglementation actuelle brime le loisir des gens à aller prendre une bière sur une terrasse.  De plus, il ridiculise le concept d’accessibilité en disant « des lieux qui soient tout à fait acceptables pour vous ». Mais qu’est-ce que cela veut dire? Il ne s’agit pas de créer des lieux acceptables pour certains individus handicapés. Il s’agit de respecter des normes d’accessibilité reconnues.

Pendant l’entrevue, Monsieur Roy souligne à quelques reprises qu’une seule plainte avait été déposée. « Vous êtes le seul à avoir porter plainte contre la terrasse Chez Alexandre? » Cette question n’avait pas un but d’information, mais était plutôt rhétorique. Il est inapproprié de laisser entendre que le problème n’est pas sérieux puisqu’une seule plainte a été logée. Si Monsieur Roy estime que le problème n’est pas sérieux, il aurait dû faire une recherche mieux approfondie pour soutenir son opinion. Le niveau d’acceptabilité d’une discrimination ne dépend pas du nombre de plaintes logées. Qui plus est, le ton accusateur de Monsieur Roy donne l’impression qu’il essaie de faire en sorte que Monsieur Morissette se sente mal d’avoir simplement revendiqué ses droits.

Puis, Monsieur Roy a affirmé : « On a fait régulièrement des reportages Monsieur Morissette. Mais en même temps, la STM a de la difficulté à vous donner des métros accessibles et là on s’en prend à un petit commerce avec une terrasse de quelques pieds c’est pas une disproportion là? » Monsieur Roy affirme que la victime de cette histoire est Monsieur Creton, propriétaire de Chez Alexandre. Les quelques individus handicapés qui se plaignent pour « quelques pieds » se retrouvent maintenant au banc des accusés. Ces accusations relèvent d’un manque flagrant de rigueur journalistique. Monsieur Roy doit être d’autant plus prudent de par le fait que les personnes handicapées sont parmi les personnes les plus discriminées au Québec et au Canada. Cette réalité est bien documentée. De plus, la question de Monsieur Roy illustre encore sa grande incompréhension des concepts d’accessibilité et de droits. Les personnes handicapées ne veulent pas « se faire donner des métros accessibles ».

La conclusion de l’entrevue est particulièrement troublante et inacceptable. Monsieur Roy termine l’entrevue avec Monsieur Morissette en affirmant avec un petit rire teinté d’exaspération : « En tous cas, si un jour le restaurant ferme, il va avoir plus de place pour passer, mais il n’y aura plus de terrasses pour personne, ni pour vous ni pour nous là. » Premièrement, en évoquant un scénario catastrophe, M. Roy fait fi des concepts de droits et d’accommodement raisonnable tirés de la Charte des droits et libertés de la personne. Pourtant, il devrait maîtriser ces concepts. Contrairement à ce que laisse croire Monsieur Roy, les droits des personnes handicapées n’ont pas préséance sur les droits des commerçants. Les personnes handicapées ne peuvent pas causer la fermeture d’un restaurant.

De plus, les propos de Monsieur Roy blâment les personnes handicapées d’une situation qui ne pourrait pas se produire. Il fait une distinction entre « vous », c’est-à-dire Monsieur Morissette et/ou les personnes handicapées et « nous », c’est-à-dire la population non handicapée dont Monsieur Roy se fait le porte-parole.

Les propos de M. Roy méritent d’être analysés, puisqu’il ne s’agit pas de la première fois qu’il tient un tel discours encourageant la stigmatisation des personnes handicapées. Kéroul, un organisme faisant la promotion du tourisme accessible, avait fait parvenir une lettre à Monsieur Roy après la diffusion du reportage du 13 avril dernier. Dans cette lettre, Kéroul avait écrit que les propos de Monsieur Roy étaient tout à fait déplacés et inappropriés et expliquait que le règlement pour l’accessibilité des terrasses était une question de droits. Monsieur Roy ne peut pas plaider l’innocence.

Monsieur Roy s’est défendu sur Twitter en affirmant n’avoir fait que son travail de journaliste en posant des questions. Monsieur Roy n’a pas fait son travail selon les normes journalistiques. Il a fait des commentaires démagogiques dignes des radio-poubelles.

Le code de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes prévoit que les journalistes doivent être sensibles à la portée de leurs reportages. « Ils doivent éviter les généralisations qui accablent des groupes minoritaires, les propos incendiaires, les allusions non pertinentes à des caractéristiques individuelles, les préjugés et les angles de couverture systématiquement défavorables qui pourraient attiser la discrimination. Ils seront particulièrement attentifs à ce qui pourrait provoquer des réactions racistes, sexistes, homophobes, etc. » Les propos de M. Roy, ainsi que l’angle de couverture choisi, étaient défavorables aux personnes handicapées et ont contribué à attiser la discrimination à leur égard. Ce reportage a entraîné un lot de propos négatifs et blessants de la part d’auditeurs de Radio-Canada sur les médias sociaux.

Monsieur Roy et Radio-Canada se doivent de réagir rapidement pour corriger le tir. Tel qu’indiqué par le Conseil de Presse du Québec, « les rétractations et les rectifications devraient être faites de façon à remédier pleinement et avec diligence au tort causé. Les médias n’ont aucune excuse pour se soustraire à l’obligation de réparer leurs erreurs, que les victimes l’exigent ou non, et ils doivent consacrer aux rétractations et aux rectifications qu’ils publient ou diffusent une forme, un espace, et une importance de nature à permettre au public de faire la part des choses ».

Je vous remercie de donner suite à cette lettre le plus rapidement possible. Veuillez accepter, Monsieur l’Ombudsman, mes salutations les plus distinguées

Laurence Parent

Doctorante en Humanities, Université Concordia

Activiste pour les droits des personnes handicapées

Les personnes suivantes appuient la présente plainte et demandent à Radio-Canada de remédier pleinement et avec diligence au tort causé:

Carole Auclair, Louise Bastien, Martin Beauregard, Mélanie Bénard, Geneviève Bibeau, Marie-Josée Blais, Marjolaine Blais, Valérie Blais, Bonnie Brayton, Kéven Breton, Julie Brunet, Carole Cartier, Owen Chapman, Marianne Chbat, François Cherrier, Pierre-Yves Comtois, Marielle Cormier, Mimi Cummins, Isabelle Desbiens, Damien Dubé, Christian Généreux, Colette Gladu, Yves Daoust, Jeanne Dorais, Françoise Dorais, Caroline Dupont, Peggy Faye, Maria Fernanda Arentsen, Luc Fortin, Marilène Galarneau, Catherine Gascon-David, Julien Gascon-Samson, Linda Gauthier, Maude Gauthier, Stéphanie Gélinas, Line Grenier, Myriam Héroux, Deborah Kennard, Annie Lamoureux, Steven Laperrière, Véro Leduc, Yves-Marie Lefebvre, Pierre Lemay, Daniel Lepage, Abby Lippman, Marie-Eve Martin, Lyne Ménard, Yves Mercier, Nicolas Messier, Julie Michaud, Sylvain Michaud, Marie-Claude Morin, Laurent Morrissette, Yolanda Munoz, Pierre Nadeau, Brigitte Nadon, Andrée-Anne Parent, Normand Parent, Robert Parent, Michel Pépin, Yves Plourde, Pierre Richard, Pascale Rousseau, André Rouleau, Joëlle Rouleau, Catherine Roy, Anabelle Segovia, Mathieu Séguin, Keiko Shikako-Thomas, Kim Sawchuk, Sophie Simoneau, Ben Spencer, Nicolas Steenhout, Elina Timsit, Amélie Tremblay, Geneviève Trudel, Geneviève Vanier, Marie-Eve Veilleux, Annie Verret, Jacqueline Wallace